« Le silence est d’or, la parole est d’argent ». Ce dicton semble ne pas s’appliquer en formation : apprenants comme formateurs et formatrices parlent et écoutent intensément. Qui ne s’est pas trouvé légèrement aphone à l’issue d’une longue animation ? Pourtant, en formation aussi, le silence est d’or…Cela vous intrigue ? Chut, suivez-nous…
« Positiver » le silence
Pour certains formateurs et apprenants, le silence peut être anxiogène : signe que l’on n’a rien à dire, que l’ennui est là, que l’on est à court d’argument, ou qu’il y a un désaccord… Voici cinq pistes pour apprivoiser le silence.
1. Le silence de l’intégration
Il faut un peu de temps pour réceptionner et comprendre un message, le relier à ce que l’on sait déjà… Surtout si l’information est nouvelle, complexe, inattendue, ou émotionnellement impliquante.
Pensons au fameux « temps de réaction » au volant : dans un état d’attention normal, il nous faut 1 seconde pour prendre conscience d’une information et 1 seconde de plus pour réagir. Ce temps est d’autant plus important si nous sommes fatigué.e, distrait.e…
En faisant silence entre deux informations, pendant quelques secondes, vous faites un cadeau à votre auditeur. Vous lui permettez de s’approprier ce qui a été dit. En classe virtuelle ou en visioconférence, prenez d’autant plus soin de le faire : ces modalités demandent une attention très soutenue. Diminuer la densité des informations permet de soulager la charge liée à cette attention soutenue.
2. Le silence de l’intériorisation, de l’intériorité
Connaissez-vous le Qi Gong, cet art martial « interne » chinois millénaire ? En Qi Gong, « ne rien faire » est aussi important que « faire ». Après chaque pratique ou mouvement, un temps est proposé pour être juste attentif à ce que l’on ressent dans son corps, aux émotions…
Dans notre monde d’activité souvent frénétique, et lors de formations généralement denses, laisser un temps d’intériorisation permet aux participants de développer leur conscience d'eux-mêmes, et la conscience du chemin parcouru.
Nous vous conseillons de guider ce temps d’intériorisation à l’aide de quelques questions. Vous aidez ainsi chacun.e à tirer le meilleur parti de ce moment, et donnez « du grain à moudre » à ceux qui peuvent être gênés par un moment « vide »…
3. Le silence de la réflexion
Dans la précipitation, il arrive qu’un formateur propose un temps d’exercices et intervienne trop vite pour que les participants aient réellement le temps de réfléchir.
Ou par crainte de manquer de temps, le formateur peut proposer des mises en situations d’entretien, et ne pas laisser le temps de les préparer. Souvent, le formateur intervient mû par d’autres motivations : soutenir le groupe d'apprenants, en contrôler la progression…
Alors oui ! Il est nécessaire de vous assurer du bon déroulement de travaux individuels ou de groupes, avant le « debriefing ». Il y a des techniques bien précises pour cela, que Luceole aborde en formation de formateur.
En revanche, résistez à la tentation d’intervenir trop. Si l’on prône les vertus d’une bonne préparation d’entretien, laissez aux participants le temps de la faire. Questionnez-les « Et si on fait ça, comment votre interlocuteur va-t-il réagir / penser, se sentir… ? ».
En formation, c’est le moment d’aller au-delà du superficiel ! Les participants seront étonnés de la qualité de réflexion qu’ils auront pu développer, et des résultats obtenus.
4. Le silence de l’observation
Observer, ce n’est pas être passif. C’est être complètement présent à ce qui se passe. Dans une mise en situation, les protagonistes et les observateurs sont tous actifs… différemment.
Comme pour l’intériorisation, il est bon de savoir ce que l’on cherche. En formation de formateur, on peut par exemple construire ensemble une grille d’observation pour recenser et analyser les pratiques d’animation.
Bien entendu, les observateurs ne doivent rien manifester lors du déroulement de la situation. Il existe des règles pour debriefer les mises en situation afin de tirer le meilleur parti du vécu intérieur des protagonistes, et du miroir des observateurs.
Enfin, nous vous conseillons de valoriser l’auto-observation dans des métiers où les collaborateurs interviennent seuls. Cela leur permet de progresser et de remettre en cause, si besoin, telle ou telle réponse.
5. Le silence de la proactivité
Être réactif, ce n’est pas « agir » mais « être agi » : par exemple, un participant répond à un stimulus par une réaction immédiate, non réfléchie. Cette réaction est liée à son vécu, à ses expériences plus ou moins bien assimilées… Dans l’impulsivité, il peut blesser l’autre, oublier son propre intérêt, manipuler…
Au contraire, être proactif c’est choisir son attitude, son comportement face à une situation.
Comment faire ? Simplement, rappeler aux apprenants dans un premier temps, de compter jusqu’à deux, de respirer… Et puis, avoir conscience qu’ils ont plusieurs attitudes et comportements possibles. Après un autodiagnostic réalisé lors de la formation, les participants connaissent leurs « comportements refuges » et peuvent choisir de faire appel à l’assertivité.
N’oublions pas que les réponses inadaptées (ou non optimales) des participants sont souvent liées au fait qu’ils ne voient pas d’autre manière de faire. C’est pourtant un réel soulagement pour de nombreux adultes de découvrir d’autres manières de faire, auxquelles ils peuvent s’entrainer « à blanc », en formation, avant de les utiliser en situation réelle.
Vous connaissez maintenant cinq « natures » de silence. Et l’efficacité de nos interventions, tant en ingénierie qu’en animation, repose sur l’usage que nous faisons notamment du silence. Bien sûr, il existe encore bien d’autres techniques et règles pour réussir vos formations, que nous pouvons mettre en oeuvre avec vous.
A venir prochainement : « Le silence épisode 2 - les tactiques du silence en formation, en réunion, en mode projet… ». Suivez Luceole sur Linkedin pour être informé.e de sa publication.
Vous êtes à la pêche aux idées pour rendre vos formations plus impactantes ? Contactez-nous !
Claire Fromageot
Fondatrice & Dirigeante
Luceole, expert de l’ingénierie pédagogique, réalise et accompagne vos projets de formation sur-mesure.
